Rentrée scolaire : comment bien accompagner son enfant ?

La rentrée scolaire, c’est bien plus qu’un retour en classe. C’est le moment où les agendas se remplissent, les émotions s’entremêlent, et les parents jonglent entre excitation, organisation et parfois… un brin d’angoisse. Comment accompagner son enfant sans le surcharger ? Comment poser des repères sans rigidité ? Comment préserver l’équilibre entre école, vie familiale et temps pour soi ?

Dans cet article, l’ARBS vous propose des pistes concrètes, des conseils bienveillants et des éclairages d’experts pour transformer cette rentrée en un moment serein, structurant et porteur pour toute la famille.

rentrée scolaire : trouver le bon rythme

  • Cultiver l’équilibre entre école, loisirs et repos

Mardi après la classe, Lola, 8 ans, file à l’école de musique dont elle ressort à 18 h 30. Mercredi après-midi, elle rejoint ses copines au cours de hip- hop, puis se rend à son entraînement de foot. Le vendredi, elle retourne à l’école de musique pour son cours de solfège. Et le week-end, place au tournoi de foot ! Le soir, Lola est fatiguée. Un peu grognon. Elle se chamaille avec ses frères et sœurs, bâcle ses devoirs, rechigne pour se coucher. Et a du mal à se lever le matin. La maîtresse la trouve souvent bavarde, déconcentrée.

Voici un schéma classique à peine caricaturé d’un enfant surchargé d’activités. Nous, parents, avons parfois tendance à alourdir l’emploi du temps de nos enfants. Une volonté de bien faire qui se transforme en « faire trop ».

Pratiquer une activité périscolaire permet à l’enfant de développer des compétences variées : créativité, santé physique, sociabilité et confiance en soi. Pour certains, ces activités sont aussi un levier relationnel : les enfants créent des liens en dehors de l’école, et s’épanouissent dans un cadre où ils se sentent compétents et en confiance, notamment dans le sport ou les arts. Ils rencontrent des jeunes partageant les mêmes centres d’intérêt, ce qui facilite les échanges et les amitiés. Ces expériences contribuent également au développement cognitif et affectif, en renforçant l’estime de soi et la capacité à interagir avec les autres.

Cependant leur excès peut entraîner des effets néfastes sur leur bien-être psychologique et familial. Une étude publiée dans la revue Taylor & Francis Sport, menée auprès de 48 familles, révèle que les enfants pratiquant des activités extrascolaires quatre à cinq jours par semaine étaient souvent épuisés. Cette surcharge empiétait sur leur vie familiale, réduisant le temps de qualité passé avec leurs proches.

Des recherches parues dans Economics of Education Review confirment ces effets négatifs, notamment sur les compétences non cognitives telles que la régulation émotionnelle et le bien-être.

Face à ces constats, les spécialistes recommandent de limiter à 2 activités hebdomadaires. Pour la psychologue Laurence Roque-Barret, une seule activité périscolaire suffit, en veillant à ce qu’elle plaise avant tout à l’enfant : « Les petits qui ont trop d’activités n’ont même plus de temps pour jouer (…) Ce temps de jeu est indispensable. » Elle insiste également sur l’importance de l’ennui, qui stimule l’imagination et l’introspection.

  • Laisser des moments calmes et la place à l’ennui

Nos enfants ont aussi besoin de temps. Pour souffler après une journée d’école fatigante. Pour jouer avec les copains ou tout seul dans leur chambre. Pour dessiner, chanter ou seulement… s’ennuyer ! Dans son ouvrage Élever son enfant, Marcel Rufo insiste sur le fait que l’ennui est une étape essentielle du développement. Il affirme : « L’ennui est une chance. Il permet à l’enfant de rêver, de penser, de créer. »

Le célèbre pédopsychiatre encourage les parents à ne pas remplir chaque minute de la journée, mais à valoriser le temps libre non structuré, c’est-à-dire laisser des périodes vides, propices à l’émergence de la pensée personnelle. Car l’ennui stimule l’imaginaire et la créativité et force à faire des choix, à être autonome et à « être seul en présence de quelqu’un », fondement de la construction de soi selon le pédiatre et psychanalyste Donald Winnicott. De même, en se confrontant au vide et à l’attente, l’enfant apprend à gérer sa frustration et sa tolérance à l’inconfort. Et à créer ses propres jeux ou occupations pour pallier l’ennui.

  • Prévoir un planning pour identifier activités et temps libre

L’enfant a besoin de visualiser sa semaine, car pour lui, il est difficile de la conceptualiser comme le font les adultes. Établir un planning en commun l’aide à structurer son quotidien, et le sécurise. Il voit les plages réservées à l’école, celles attribuées aux activités extra-scolaires, et aussi les « trous », c’est-à-dire les moments de liberté. D’une part, le planning aide à éviter la surcharge et à préserver du temps libre, mais il favorise aussi son autonomie, puisqu’il le rend maître de son temps (presque).

Vous pouvez profiter de l’élaboration de cet emploi du temps pour lui expliquer les conséquences concrètes au quotidien de l’inscription à de nombreuses activités. Et le rassurer, car un planning n’est jamais totalement figé et reste souple, même si c’est l’occasion de lui inculquer l’importance des engagements.

Un emploi du temps réfléchi ensemble et affiché va poser un cadre qui va libérer l’enfant pour mieux le laisser souffler entre ses différentes activités. Vous pouvez par exemple :

  • Identifier des heures fixes pour les repas, le coucher, le lever : cela rassure l’enfant.
  • Laisser des plages horaires ouvertes pour les devoirs, les jeux, les activités, les moments calmes sans stimulation : pas besoin de tout minuter !
  • Prévoir des marges: ne pas enchaîner les activités sans pause.
  • Afficher le planning dans la cuisine ou la chambre, avec des couleurs, des étiquettes ou des gommettes pour identifier les activités.
  • Impliquer l’enfant dans la création du planning pour qu’il se l’approprie.

Règle d’or : le planning n’est pas figé. Faites régulièrement un bilan, ajustez avec l’enfant, modifiez, testez…

Téléphone et numérique : réguler sans diaboliser

À l’ère de l’ultra connecté, il n’est pas simple pour les parents de gérer le téléphone des enfants, l’accès à la télévision ou à internet !

Entre la phrase récurrente « mais tout le monde en possède un sauf moi, je vais être le (la) nul(le) de l’école ! » (fausse en général si vous demandez aux autres parents 😉) et les crises sur la durée d’utilisation des écrans, notamment pour les préados et ados, on ne sait pas toujours comment réagir (ou tout simplement agir).

Selon une étude de 2024 de L’Observatoire de la Parentalité et de l’Éducation Numérique (OPEN), 99 % des enfants se connectent quotidiennement dès l’âge de 11 ans et plus de la moitié des enfants de 7 à 17 ans possèdent leur propre smartphone. Les enfants passent en moyenne 4 heures par jour sur leur téléphone pendant les week-ends et vacances. Un temps qui n’est donc pas consacré à jouer, lire ou échanger et souvent sous-estimé par les parents.

  • Les engagements de l’Éducation nationale

Le Dispositif « Portable en pause » est généralisé en 2025. Il a pour objectif de limiter l’usage des téléphones portables et objets connectés (tablettes, montres) dans les écoles et collèges (sauf handicap ou usage pédagogique spécifique), pour améliorer le climat scolaire, la concentration des élèves et lutter contre le cyberharcèlement.

L’application est toute simple : les portables sont déposés à l’arrivée à l’école dans des casiers, pochettes sécurisées ou boîtes collectives et rendus à la sortie des cours ou des sorties périscolaires.

Ce dispositif inclut également la suspension des notifications ENT et Pronote entre 20 h et 7 h, et le week-end, pour éviter les sollicitations numériques hors période scolaire.

L’expérimentation menée en 2024-2025 sur 32 000 collégiens a donné des résultats positifs : meilleure attentionbaisse du stress, sentiment de bien-être renforcé et réduction des incidents liés au cyberharcèlement sur les réseaux sociaux.

  • Focus sur le réseau TikTok

Vous avez sans doute récemment entendu parler dans les médias du rapport parlementaire sur TikTok et ses effets sur l’attention et la santé mentale des jeunes, publié le 11 septembre 2025. TikTok est décrit comme « un des pires réseaux sociaux » pour les mineurs du fait de son algorithme conçu pour capter l’attention à tout prix, en mettant en avant des contenus extrêmes, clivants ou anxiogènes. Suicide, automutilation, troubles alimentaires, violence, racisme, antisémitisme, désinformation médicale, normes corporelles irréalistes et anxiogènes… autant de sujets abordés dans le flux des messages et vidéos. La modération est également reconnue comme insuffisante.

Ce qui entraîne de graves effets psychologiques :

  • Troubles de l’attention: les vidéos courtes et le défilement infini perturbent la capacité de concentration.
  • Addiction numérique: les jeunes passent en moyenne 1 h 28 par session, souvent plusieurs fois par jour.
  • Santé mentale fragilisée: anxiété, dépression, isolement social, surtout chez les filles.

Le rapport parlementaire recommande d’interdire TikTok avant 15 ans, de limiter son usage la nuit (couvre-feu numérique), et de responsabiliser les parents via un nouveau cadre légal. Nous vous recommandons également de veiller à ce que vos enfants n’installent pas cette application avant 15 ans, et surtout de discuter avec eux pour leur en expliquer les dérives et dangers.

  • Des outils efficaces de contrôle parental

Une étude de l’INSERM (2023) a confirmé les effets nuisibles sur le développement cérébral et la santé visuelle des enfants d’une exposition excessive aux écrans. C’est pourquoi le gouvernement français a rendu obligatoire l’intégration d’un contrôle parental sur tous les appareils connectés vendus en France depuis juillet 2024.

Les experts recommandent également de combiner ces outils avec une communication ouverte avec l’enfant. Le contrôle parental ne doit pas être vécu comme une surveillance punitive, mais comme un cadre éducatif pour apprendre à gérer le numérique de manière responsable.

Sélection d’outils de contrôle parental pour smartphones :

  • Qustodio: suivi complet sur plusieurs appareils (ordinateurs, smartphones, tablettes), avec des rapports détaillés sur l’activité en ligne.
  • mSpy: conçu pour une surveillance discrète, il permet de suivre les échanges et les usages numériques sans que l’enfant le remarque.
  • Xooloo: parfait pour les plus jeunes. Son interface ludique et éducative les aide à apprendre à gérer leur temps d’écran.
  • Wondershare FamiSafe: contrôle avancé, incluant le filtrage web, la géolocalisation et des alertes en temps réel.
  • Parentaler: solution simple et rapide à configurer, pensée pour les parents qui recherchent l’efficacité sans complexité.

Vous pouvez également lire cet article très complet sur le contrôle parental et les applications de suivi.

Sélection d’outils de contrôle parental pour jeux vidéo

L’Unicef a publié un très intéressant Guide à l’intention des parents sur les jeux vidéo qui vous donnera quelques pistes.

Pour surveiller l’utilisation de jeux, vous pouvez installer Qustodio, disponible pour Windows et macOS. Ce logiciel offre des fonctionnalités larges :

  • Filtrage web très efficace (même contre les VPN)
  • Blocage ou limitation des applications (ex. : Steam)
  • Programmation des horaires d’utilisation
  • Rapports d’activité détaillés (sites visités, temps passé, recherches)
  • Surveillance YouTube

Autre avantage : il est léger, discret, et muni d’une protection contre la désinstallation ! Il existe en version gratuite et en abonnements payants dès 4,58 €/mois.

  • Des conseils concrets pour gérer les temps d’écran

Voici quelques recommandations concrètes pour vous aider à gérer les écrans à la maison :

  • Échanger sur les besoins. Commencez par discuter avec votre enfant : que souhaite-t-il faire avec son téléphone ?Tchater avec ses copains, jouer, regarder des vidéos ? Exprimez aussi vos attentes en tant que parent  protégeraccompagnerencadrer. Ce dialogue permet de poser les bases d’une relation de confiance autour du numérique.
  • Définir un cadre commun. À partir de cette discussion, fixez ensemble des règles claires : des plages horaires sans écran (avant l’école, pendant les repas, avant le coucher) ; des moments dédiés à la déconnexion pour préserver le sommeil, les échanges familiaux et la concentration. Formalisez ces règles dans un contrat d’engagement numérique, à signer avec votre enfant. Exemple de contrat : Pause Ton Écran – Contrat parent-ado
  • Accompagner et dialoguer régulièrement. Le contrôle parental ne suffit pas. Il est essentiel d’encourager les discussionssur les contenus vus, les réseaux utilisés, les émotions ressenties. Apprenez à votre enfant à prendre du recul, à choisir ses supports, à ne pas tout croire. C’est par un accompagnement actif et bienveillant que l’enfant pourra distinguer le bon du mauvais dans le numérique.
  • Installer l’ordinateur dans une pièce familiale. Si votre enfant de primaire ou collège a accès à un ordinateur, privilégiez un appareil dans une pièce de passage où vous pouvez jeter un œil sur l’écran. Ne laissez pas un enfant avec un ordinateur seul dans sa chambre sans contrôler son activité numérique ! Pour les ados qui possèdent leur propre ordinateur et un smartphone, continuez à parler le plus possible avec eux, maintenez le contact, posez des questions.
  • Installer une routine pour le sommeil. Selon le Centre de Recherche Douglas, le sommeil joue un rôle clé dans la consolidation de la mémoireet l’apprentissage. Il influence le développement cognitif, la régulation émotionnelle et le comportement.

Les enfants ont besoin de 9 à 11 heures de sommeil par nuit (6-13 ans), et les adolescents de 8 à 10 heures. Mais il faut souligner que la qualité du sommeil est aussi importante que sa durée.

Un manque de sommeil peut entraîner :

  • des troubles de l’attention,
  • une baisse de la concentration,
  • une instabilité émotionnelle,
  • un risque accru de troubles de l’humeur ou d’anxiété.

Aussi en famille, il serait idéal d’adapter le temps de coucher de chaque enfant suivant son âge et d’adopter un rythme régulier.

  • Montrer l’exemple. Soyez cohérent. Si vous êtes vous-même collé sur votre portable, vous ne serez pas crédible auprès de votre enfant !

Parents : lâcher prise et faire confiance

  • Identifier le stress parental

Nous voulons le meilleur pour nos enfants, et parfois, sans nous en rendre compte, nous attendons aussi qu’ils deviennent les meilleurs. Mais attention ! Parfois nous faisons peser sur leurs épaules nos propres attentes et projections, qui ne coïncident pas forcément avec ce qui les tente.

Les résultats scolaires sont importants et bien sûr, nous encourageons nos enfants à travailler à l’école, faire leurs devoirs et apprendre. Mais sans que ça devienne une pression constante ou une épée de Damoclès suspendue au-dessus de leur tête. Pas de chantage et pas d’injonctions !

  • Parler des choix pour l’avenir

Même si la rentrée ne concerne pas directement les choix d’orientation, elle peut être l’occasion de poser les bases d’un dialogue serein autour du futur. Pour les adolescents, des sujets comme Parcoursup ou les études supérieures peuvent générer du stress. Plutôt que d’attendre la dernière minute, mieux vaut amorcer ces discussions tôt, en valorisant les qualités de votre enfant, ses envies, et en écoutant ses doutes. Ce cadre bienveillant permet de transformer l’orientation en un projet partagé, et non en une source de tension.

Être parent, c’est naviguer chaque jour entre bienveillance, organisation, doutes et ajustements. Il n’existe pas de recette magique, mais il y a des repères, des réflexes à adopter, et surtout une posture à cultiver : celle de l’écoute, de la confiance et du dialogue.

Accompagner son enfant à la rentrée, c’est lui offrir un cadre rassurant sans l’étouffer, l’aider à trouver son rythme sans le surcharger, et l’encourager à grandir en autonomie. C’est aussi accepter que chaque enfant est unique, avec ses besoins, ses forces et ses fragilités.

Alors non, il ne s’agit pas de tout réussir, mais de faire de son mieux. Et de garder en tête que les petits gestes du quotidien — une question posée, un repas partagé, un moment calme respecté — sont souvent les plus puissants pour aider nos enfants à s’épanouir.

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